violence à l'école

S’il y a bien un sujet qui m’inquiétait à l’idée que Loulou entre en maternelle c’était celui de la violence à l’école. Suivant quelques copines blogueuses ayant des enfants plus âgés, j’ai pu lire quelques une de leurs histoires ou plutôt, mésaventures. Et je dois avouer que prendre conscience de la réalité et de ce que peuvent subir nos petits dans la cour de récréation est loin de me rassurer. Je pensais que ces préoccupations me laisseraient encore quelques années de répit, mais il semblerait que nos loulous puissent être tourmentés par tout cela dès la maternelle…

La violence à l’école peut se relater sous plusieurs formes, aussi bien physique que psychologique. Et je t’avoue que cela m’effrayais que Loulou puisse y être confronté. L’école est censée être un lieu d’apprentissage des relations sociales. Nos enfants doivent y apprendre à se connaître et ainsi construire leur propre identité. Ils y apprennent à être et échanger avec les autres. Et c’est bien là que parfois les choses se corsent.

Bien sur il est normal que Loulou vive des échanges plaisant et d’autres moins avec ses copains de classe. Bien sur ce sont les expériences de la vie qui forgent le caractère. Oui mais voilà, apprendre que mon fils est chahuté dans la cour de récréation, qu’il a été mordu, qu’on lui tire les oreilles, qu’on lui donne un coup de bâton de bois à quelque centimètre de l’œil… Crois moi il ne s’agit pas de choses anodines à côté desquelles je souhaite passer.

Oui mais voilà, comment agir vis à vis de Loulou, de son « agresseur », du corps professoral ?

La semaine dernière une conférence sur la violence à l’école a eu lieu dans ma commune. Je n’ai donc pas manqué d’y assister souhaitant obtenir quelques réponses à mes questions.

Vous avez été nombreuses à me dire que ce sujet vous préoccupait également, alors je souhaite partager avec vous ce petit compte rendu de la conférence tenue par une Psychologue Clinicienne rennaise.

violence à l'école

Alors oui, les violences scolaires sont présentes dès l’école maternelle, mais elle sont plus difficiles à observer et à prendre à leur juste mesure. En effet, les plus jeunes vont pouvoir avoir des interactions violentes entre eux sans qu’il y ait forcément une intention négative.

Il est essentiel que les enfants réussissent à s’intégrer dans un groupe et trouver leur place auprès des autres oui mais voilà, cela est parfois plus facile pour certains que pour d’autres. Il va en effet être nécessaire que nos enfants intègrent un certain nombre de codes sociaux et de savoirs faire relationnels.

De base, l’enfant va tester des actes et évaluer s’ils sont bons ou non. Combien de fois nos petits entendent un adulte dire « il est à croquer », « je te mangerai de bisous ». L’enfant va alors interpréter ses termes au sens propre, pouvant ainsi parfois les mener à mordre. Il leur faut en effet apprendre à différencier de simples expressions de la réalité ! Et oui, pas si simple d’être dans la tête de nos petits !!

Il nous est tous arrivé une fois dans notre vie de nous retrouver à la place du « bouc émissaire ». De subir les remarques plus ou moins désobligeantes de certains par exemple. Je vous épargne les blagues misogynes, ou celles sur les blondes que j’ai pu entendre et parfois pu subir. Cette place de bouc émissaire, bien que douloureuse pour celui qui subit, est malheureusement nécessaire et utile pour le groupe. Permettant ainsi de réguler les tensions du groupe, créant alors un sentiment de solidité et de sécurité dans le groupe. L’enfant pris pour cible peut vivre une véritable situation traumatique. Il va alors être important d’apprécier cette souffrance de SA place et non de notre place d’adulte.

  • Ex : un enfant qui vient se plaindre de souffrir du rejet des autres
    On ne peut pas simplement lui répondre d’aller jouer avec les autres comme nous le ferions nous, adulte. Quand quelqu’un nous saoule lors d’une soirée on prend la tangente et basta ! Il va nous falloir creuser et demander à l’enfant pourquoi les autres enfants le rejettent. Qu’est-ce qu’il a pu faire ? Quels sont les mots ou gestes employés par les autres ?…

La présence de stigmates est souvent à l’origine du phénomène :

  • Stigmates physiques
  • Stigmates vestimentaires
  • Stigmates culturels

Il va alors être important de chercher à identifier ce qui peut faire sortir l’enfant victimisé de cette problématique de mise à l’écart et non se focaliser sur ce qui fait qu’il est rejeté. Il est important de déceler les forces de l’enfant et de lui donner « les armes » sur lesquelles il va pouvoir s’appuyer pour rabattre le caquet à ceux qui l’ennuient.

Ce qui est essentiel pour l’enfant victime, c’est qu’il arrive à se construire une bulle de protection. Il doit réussir à exister et ne pas se laisser malmener par les autres. Il est important de dire à votre enfant de ne pas fuir, mais à bien poser les limites.

Loulou se retrouve de temps à autre un peu chahuté par B, un camarade de sa classe. Je lui ai donc vivement conseillé que si B avait des gestes violents ou un comportement non adapté envers lui de ne pas hésiter à le remettre à sa place et que s’il ne l’écoutait pas, dans ce cas il n’avait qu’à lui tourner le dos et aller s’amuser avec d’autres enfants. J’ai rencontré la maîtresse pas plus tard que vendredi dernier et elle me disait justement avoir observer mon fils agir de la sorte et qu’elle avait été impressionnée. Alors que B commençait à faire le fou, Loulou l’a planté et a préféré aller s’amuser avec d’autres enfants. B est pour le moment son meilleur copain, mais il est vrai que leur amitié semble bien souvent être un peu trop animée ! Toute la difficulté repose sur le fait de réussir à trouver la juste mesure entre laisser l’enfant apprendre par lui même et rester vigilant sur bien être.

Lors de violences scolaires, il est essentiel d’accompagner l’enfant sur son « estime de soi ». Il s’agit là de la perception que chacun a de sa propre valeur. L’estime de soi se constitue de 3 piliers :

  • L’amour de soi ; je me connais, je connais mes besoins, mes limites
  • La vision de soi ; plus tard je serai pompier, je voudrai faire, …
  • La confiance en soi

Renforcer l’estime de soi permet à l’enfant de mieux se protéger, de se défendre car il a conscience des limites entre lui et les autres.

D’abord soi, ensuite les autres.

Les signes pouvant annoncer que votre enfant est victime de violences scolaires :

  • Réticence/refus d’aller à l’école… A tout prix
  • Changement d’investissement dans les apprentissages/baisse des résultats scolaires
  • Changement de comportements dans les relations avec les pairs, la fratrie, les adultes
  • Isolement social
  • Perte d’intérêt dans les loisirs et activités investies auparavant
  • Troubles alimentaires
  • Troubles du sommeil (cauchemars, insomnies, difficultés d’endormissement)
  • Troubles de la mémoire et de la concentration
  • Réactions émotionnelles inadaptées/exacerbées

Les enfants victimes et auteurs s’installent à 2 places différentes mais sont similairement dans une situation de vulnérabilité psychique. L’accompagnement doit se faire à la lumière de cette vulnérabilité.
On est dangereux là où l’on est vulnérable

Comment agir en présence de violence à l’école ?

  • Les professeurs prennent le parti du bouc émissaire et le protègent dès lors que l’enfant n’a pas acquis les compétences suffisantes pour se défendre
  • A l’inverse, il peut être bon de laisser l’enfant essayer de s’en sortir par lui même – attention toutefois à ne pas faire passer nos actes d’adultes pour de l’indifférence, ce pourrait porter l’enfant à croire que l’on légitimise les actes de l’auteur
  • Sanctionner le ou les auteurs de violence
  • Rappeler la loi
  • Ne pas oublier les témoins (ou complices) qui ont une place importante
  • Créer du lien entre parents, instituteurs, parents d’élèves
  • En classe, rendre le groupe sensible à ce phénomène

Et en tant que parent, comment devons-nous agir face à la violence à l’école ?

  • Ne pas faire justice soi-même à la sortie de l’école. Eviter d’aller aborder l’enfant auteur directement.
  • Tenter de faire alliance avec l’équipe scolaire.
  • Prendre conscience qu’en tant que parent, on est pris dans sa propre colère, angoisse et crainte pour son enfant.
  • Instaurer un maximum d’échanges avec son enfant – parole, dessins, jeux de rôles – afin de réussir à ce qu’il s’exprime sur ce qui se passe, ce qu’il subit. Décrypter comment il ressent les choses à sa propre échelle d’enfant et l’aider à trouver la meilleure attitude pour que la situation s’améliore.
  • La perception des événements est différente selon que nous sommes en place de parent, de professeurs des écoles, d’animateur péri-scolaire. C’est normal ! L’important est de créer du lien et de la communication entre tous.

J’espère que ces quelques éléments pourront vous être utiles à vous aussi. J’avoue avoir beaucoup appris au cours de ces 2h30. A présent il va me falloir réussir à mettre en application ces quelques bonnes pratiques. J’espère du fond du cœur être le moins possible confrontée à ce type de problématiques avec mes enfants souhaitant plus que tout les préserver. Mais ça, seul l’avenir me le dira…

Voici quelques outils pour aborder et prévenir les violences scolaires qui m’ont été recommandées :

le livre I can problem solve (programme de prévention)
les petits citoyens
le jeu de carte feelings

Si vous avez des expériences sur le sujet de la violence à l’école à partager : des sources pédagogiques/lecture/jeux à me recommander n’hésitez pas !! Merci <3